22 mai 1958C'est dans une petite maison que mon histoire commence, dans une petite ville américaine, mes arrière-grands-parents sont arrivés dans ce putain de pays pour fuir le fascisme de Mussolini qui courait après n'importe quoi qui pensait pas comme eux. Pendant que la
nonna restait à la maison,
nonno avait fait ce qu'il avait à faire pour faire gagner de l'argent à la famille. Des p'tits boulots, des conneries sans intérêts au début puis il était monté en grade, en 58, il avait déjà presque soixante berges, il était
consigliere pour un Don à la con dans l'est. Il faisait le genre de boulot qu'une personne normale voudrait pas faire mais quand on connaît que ça pour survivre, on peut faire qu'ça.
On a dû m'raconter cinquante fois comment ça c'était censé s'passer ce jour-là. Les yeux rivés sur les cartes, l'p'tit vieux jouait avec des cartes sur le porche de sa maison, les lunettes vissées sur le nez, y remontait les yeux d'temps en temps pour voir où la lune en était. Il allait toujours s'coucher en fonction d'elle, c'était comme un réveil ou une bonne femme, une fois qu'elle était à son zénith, y foutait les cartes dans sa poche, éteignait sa clope dans le fond d'son verre où y avait encore un fond d'alcool et y s'levait comme un seul homme, comme s'il avait vingt ans. Mais c'jour-là, il a rien fait d'tout ça. Y d'vait être sur les coups de vingt-deux heures, un type a débarqué d'vant chez lui, avec un flingue dans la poche. L'vieux était pas surpris de le voir arrivé, il était déjà au courant, dans son milieu si quelque chose s'tramait tu l'savais vite.
Il avait remonté d'un coup de doigt ses lunettes un peu plus haut sur l'arête de son nez, en défiant du r'gard l'p'tit gars qu'était venu l'chercher. C'était un môme, pas bien plus grand qu'lui, les yeux perçants comme un chat qui vient en attaquer un autre pour montrer qu'c'est lui l'dominant, des cheveux gominés à en faire des roues de bagnoles. S'il avait pas été un des nôtres, t'aurais juré qu'c'était un de ces blousons noirs qui f'sait de la Harley en ville juste pour aller au bar pour récupérer quelques minettes en soif d'aventure d'un soir.
J'avais pas faire l'dessin de c'qui s'est passé, l'gosse a fait ce qu'il avait à faire pour protéger les gens qu'il avait à protéger. Plus tard,
il mio padre lui a fait la même chose en représailles, c'est comme ça que ça marche.
***
Les deux billes bleus d'un gosse d'une douzaine d'années sur moi, mes derniers mots sur cette histoire prononcés, je l'observais tranquillement avec un sourire doux, passant ma main dans ses cheveux je lui jetais gentiment au visage quelques mots : "
C'est ça l'histoire de notre famiglia, Olivio." Récupérant de l'autre main la bouteille de bière bon marché qu'y trônait sur une vieille table de bois à moitié fracassé par le temps, à tel point qu'on s'demandait si elle n'était pas plus vieille que l'histoire que je venais d'raconter. Ingurgitant quelques centilitres de cette merde, elle fit son retour promptement sur la table avant que je continue notre discussion. "
Tu sais ce qui fait que nous sommes si importants à la famille ? Pourquoi de génération en génération on continue de servir ?" Le petit ange brun fit un grand non de la tête comme seuls les enfants savent le faire.
"
Parce qu'on comprend les sacrifices qui sont nécessités dans ce monde là." Même moi, je les comprenais, que ce soit le sacrifice du sang ou de la sueur, les deux pouvaient s'avérer nécessaire. "
Tout ça, ça va au-delà de la famille, au-delà des D'Angelo, ça parle de notre histoire, de l'histoire des italo-américains." Mon regard se figeant sur le journal sur le rebord de mon fauteuil, c'était un vieux journal du New York Times qui découvrit l'odeur du bois fatigué du sol de la maison d'un revers de la main. L'action accompagnée d'un grognement je fis part à mon neveu la continuation de ma pensée : "
Nous avons été chassés d'Italie par l'oppression Mussolinienne, à notre arrivée ici, on nous a encore maltraité, on nous as mis dans des ghettos comme si nous étions des vulgaires animaux. Nos sacrifices ils sont liés à la défense de notre cause, de notre survie, encore aujourd'hui on parle de nous comme si nous étions forcément des bandits en costumes."
Le p'tit garçon avait été surpris par le geste mais avait la fascination des mots, il observait et écoutait tranquillement les paroles que je débitais sans plus véritablement de réflexion désormais. Voyant cela, je me figea, le regard posé sur le môme, je lui offrais un sourire : "
Mais bientôt tuo zio va aider à la cause, le Don Salieri veut que j'ouvre notre voie à l'entrée dans les combats de spectacle, les gens vont me voir à la télé et les petits garçons italiens comme toi auront un exemple de ce que cela donne d'être un membre de la famille en me voyant triompher pour nous." Faisant sauter le petit de mes genoux, ceux-ci me m'aidèrent à me lever, passant un instant devant le miroir, remettant la croix dorée de ma foi envers Dieu au centre, vérifiant que mes cheveux gominés étaient toujours aussi parfaits, j'étais prêt à leur montrer ce que c'était que de se battre pour sa survie.
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